Tordre le cou aux idées reçues concernant la relation entre les efforts physiques et les hernies de l'aine avant ou après une intervention chirurgicale ! Il est généralement reconnu dans le public et parmi beaucoup de confrères, que la hernie de l'aine peut être une conséquence d'un effort physique. Cela semble vérifié par le fait que très souvent les patients font le rapport entre la perception d'une tuméfaction de l'aine et un effort physique inhabituel.
En fait à ma connaissance aucune étude sérieuse ne permet de confirmer cela. N'oublions pas que la hernie de l'aine est très fréquente chez l'homme, survenant dans près d'un tiers des cas chez l'homme (environ dix fois moins fréquemment chez la Femme).
La hernie se développe souvent insidieusement, et toute hyper pression intra abdominale permet en fait de la révéler, sans en être la cause première. De nombreuses études ont plutôt montré le rôle d'une anomalie dans la structure de la membrane qui assure normalement la solidité de l'aine : le fascia tranversalis, qui obture la zone de faiblesse de la région inguinale et crurale dépourvue d'une couverture musculaire. La hernie n'est donc pas le reflet d'une déficience musculaire, autre croyance répandue, mais précisément de l'absence de couverture musculaire au niveau de l'aine.
L'entrainement physique ne peut donc avoir aucun rôle sur la prévention et encore moins sur la correction d'une hernie. La conséquence de cela est la nécessité de traiter la hernie en remplaçant la membrane défaillante, sur la totalité de la surface non renforcée par le muscle. D’où l'usage presque systématique d'une prothèse pariétale.
Concernant la période post- opératoire, il est habituel d'entendre qu'il faut un repos prolongé de plusieurs semaines à plusieurs mois, voir qu'il est conseillé de ne plus faire d'effort physique important afin d'éviter le lâchage de la réparation effectué (la récidive), ou l'apparition d'une hernie de l'autre côté.
Là encore aucune étude n'a montré l'influence d'un effort post opératoire sur la survenue d'une rechute. Au contraire la reprise immédiate de la marche, quelques heures après l'intervention, dans le cadre d'une chirurgie ambulatoire, minimise certaines complications post opératoires notamment liées à l'hospitalisation classique et à l'immobilisation (phlébites, infections nosocomiales…).
De même la reprise d'une activité physique importante et précoce est possible, (exemple des sportifs reprenant quasi immédiatement l'entrainement, et la compétition après les premières semaines post opératoire.)
La seule logique à respecter et d'éviter une reprise trop précoce des activités pouvant être responsable de douleurs au niveau du site opératoire, entrainant par exemple un risque d'accident du travail dans le cadre d'une activité professionnelle à risque (Couvreur… travaux physiques…). La récidive serait alors plus en rapport avec un problème lié à la technique chirurgicale utilisée par rapport au type de la hernie opérée.
A retenir : La hernie de l'aine semble être due à une faiblesse congénitale de la paroi abdominale. L'effort physique ne semble pas avoir de rôle dans la naissance de la hernie. En présence d'une hernie débutante non douloureuse, l'effort n'est pas contre indiqué (sous réserve d'une consultation spécialisée qui pourrait dépister des facteurs de risque de complication faisant indiquer une intervention chirurgicale rapide.). Le patient opéré peut mener, aussi rapidement que possible, une vie strictement normale sans augmenter le risque de rechute.
Il n'empêche que la plupart des hernie a vocation à être opérée, mais cela est un autre chapitre…
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